Sommeil des dieux
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Une très vieille femme, Helena, se remémore sa très longue vie, qu’elle consigne dans des cahiers que personne ne lira jamais. Les dialogues avec Rachida, l’infirmière marocaine qui s’occupe d’elle, constituent son seul contact avec le monde actuel, après le décès de sa fille, de son époux et de son frère. Le monde d’Helena – petite-fille d’un grand propriétaire terrien de Flandre française et fille d’un négociant flamand de Gand – est celui de la Belle Époque, à la lisière de deux pays et de deux langues. À la veille de la Première Guerre mondiale, elle part avec sa mère et son frère passer les vacances d’été dans la famille de sa mère – ce séjour en France durera toute la guerre. Le théâtre de la destruction devient, pour Helena, le théâtre d’une initiation sexuelle et d’une libération personnelle.
Cette société en sursis ne survivra pas au conflit mondial. Il frappera de plein fouet Ypres, ville martyre. Helena, brutalement émancipée, parcourt les ruines avec son futur mari, un reporter anglais, puis assiste avec lui au «lissage du sol tourmenté» à travers d'innombrables cérémonies du souvenir.
L'auteur restitue avec nuance l'atmosphère crépusculaire d'une époque qui mena une société au naufrage et permit paradoxalement à la jeune fille de s'éveiller à la sensualité. Sa sensibilité poétique affirmée ajoute à l'étrange alchimie de cette évocation d'amour et de mort.
Mireille PAINDAVOINE (Club de lecture) Vous avez aimé ? Vous avez détesté ? |